| « Les low cost, ça n'a de sens que s'ils sont un plus de clientèle et pas un simple transfert de passagers au sein de la continuité territoriale. » C'est ainsi que Paul Giudicelli, président départemental des offices de tourisme, recadre les propos de Nicolas Sarkozy. Des propos du président de la République qui ont mis le feu aux poudres, lors du conseil des ministres décentralisé d'Ajaccio. Il a feint - du moins, on l'espère - de découvrir que l'île était une des rares régions absentes du tableau de bord des compagnies à bas prix. Une situation anormale qu'il a mise sur le compte exclusif - on se demande bien pourquoi - de la façon dont étaient rédigées les obligations de service public. Et, plus au fait que certains l'ont cru, il a fait immédiatement valoir que, si on parvenait à les persuader du contraire, l'État pourrait faire l'économie de tout ou partie de l'enveloppe de continuité territoriale versée à la Corse. Mais, poursuit l'adjoint au maire de Bastia dont le travail sur le tourisme vient d'être récompensé d'une légion d'honneur, « il ne peut y avoir complémentarité avec la compagnie régionale tout simplement parce que cette complémentarité est déjà possible et que les low cost ne saisissent pas l'opportunité de nous montrer de quoi ils sont capables. Après éventuellement on pourrait discuter. ». Il précise ainsi sa pensée : « Ils ne sont, semble-t-il, intéressés que par les aéroports qui rentrent dans le cadre de la continuité territoriale. Pourtant, dès à présent, il est possible de relier l'île à toute l'Europe. » Pourquoi ne le font-ils pas, alors qu'ils sont présents en Sardaigne, à Alghero par exemple qui, suivant les partisans de la libéralisation du marché du ciel, reçoit hors saison près d'une vingtaine d'avions par jour ? Paradoxalement, en Corse, elles tiennent à s'aligner sur les dessertes de Marseille, Nice et Paris-Orly qui reçoivent une aide spécifique pour les desservir en exclusivité. Elles veulent donc capter une part du marché existant et non créer une nouvelle demande par l'offre ; ce que fit, en son temps, avec tout le succès qu'on a pu constater, la Corsica Ferries, face à la SNCM, alors compagnie maritime publique. « C'est pourquoi, soutient Paul Giudicelli, elles sont dangereuses. » A double titre. L'un, le syndicat CGC de la CCM l'a déjà indiqué rappelant « que ces effets pervers de la concurrence acharnée, en Europe, ont provoqué la fermeture de pratiquement toutes les compagnies françaises : AOM, Air liberté, Air littoral, TAT, Air Toulouse, Aéris ». Ce qui relève plus du cimetière que de la vitalité. L'autre, Paul Giudicelli ne manque pas de la mettre en avant : « En cas d'échec de cette politique de concurrence sur les lignes de bord à bord, ce n'est pas seulement le tourisme qui serait alors mis à mal, mais bien l'ensemble de l'activité économique de la Corse. » Certes, l'offre tarifaire des low cost est alléchante, mais nombreux sont ceux qui doutent du sérieux de la proposition. Notamment la CGC-CCM qui les met au défi « de faire Paris-Bastia et Paris-Ajaccio trois fois par jour sept jours sur sept à 30 euros par passager ». Quand la compagnie régionale affiche, hors les taxes, 45 euros, sans aucune contrainte d'achat. Mais le syndicat et le personnel qui s'est mis en grève, pour la première fois dans l'histoire de la compagnie, en riposte à Nicolas Sarkozy, sont eux-mêmes suspectés par l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie et la Confédération générale des PME : « La prospérité de notre économie ne peut se jouer sur quelques intérêts corporatistes au détriment de l'ensemble de l'activité et de l'emploi insulaire. » Aux yeux de Paul Giudicelli, cette énième polémique prouve « un manque de visibilité sur les intentions des compagnies à bas coût sur la Corse, et on ne peut jouer le coup à pile ou face. »
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