dimanche 4 novembre 2007

Services Aérien Levée de boucliers en Corse contre l'arrivée éventuelle des « low cost » [Les Echos 02/11/07 ]

Les déclarations de Nicolas Sarkozy en faveur de l'arrivée des compagnies à bas coût sur la desserte aérienne de la Corse ont suscité mercredi une grève surprise de la CCM, en duopole avec Air France.


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Plusieurs fois annoncée et chaque fois démentie, l'arrivée des compagnies à bas coût sur les lignes entre Paris et la Corse fait figure de serpent de mer et suscite régulièrement des débats passionnés entre partisans et adversaires. Il a ainsi suffi d'une simple déclaration du président de la République, mardi à Ajaccio, appelant à une réforme des règles de dessertes de l'île afin de « laisser une place aux compagnies "low-cost" », pour déclencher une grève surprise des personnels de la Compagnie Corse Méditerranée (CCM), mercredi matin. Le mouvement s'est finalement limité à l'annulation de 3 vols au départ de Bastia et 3 autres depuis Ajaccio, avant un retour à la normale et des vols supplémentaires dès le début de l'après-midi. Mais ce coup de semonce présage mal de la réforme du régime actuel d'obligations de service public (OSP), qui organise depuis 2003 un duopole légal d'Air France et de la CCM sur la desserte de la Corse et arrivera à échéance courant 2008.

Au nom du principe de la continuité territoriale, Air France et la CCM, détenue à 60 % par la Collectivité territoriale de Corse et à 11,95 % par Air France, ont obtenu en septembre 2005 l'exclusivité pour trois ans des liaisons aériennes entre Paris, Marseille, Nice et la Corse, à l'issue d'un appel d'offres très contesté. En contrepartie d'un cahier des charges visant au maintien d'une offre importante en basse saison, les deux compagnies se partagent ainsi un trafic de plus de 2 millions de passagers par an, dont 1 million sur l'axe Paris-Corse. Avec, à la clef, une subvention annuelle d'environ 60 millions d'euros, censée compenser les tarifs réduits pour les résidents, les étudiants, les retraités et les familles.

Des tarifs élevés

Ce système d'OSP s'est finalement transformé en barrière d'entrée pour toute nouvelle compagnie. Après Air Littoral en 2005, easyJet en a fait l'amère expérience en 2005, ayant dû annuler la vente de vols saisonniers entre Paris et Ajaccio, après que l'Office des transports de Corse et la Commission européenne ont confirmé le duopole d'Air France et CCM. La compagnie britannique ne demandait pourtant aucune subvention et bénéficiait du soutien de la Chambre de commerce de Corse du Sud, gestionnaire de l'aéroport, et de l'engouement suscité par ses tarifs nettement moins élevés. EasyJet proposait un aller-retour à partir de 70 euros contre 263 euros pour les deux délégateurs subventionnés, en partage de code sur Paris-Ajaccio. « Il est étonnant qu'une ligne aussi populaire qu'Orly-Ajaccio soit subventionnée et qu'on garantisse un monopole à une compagnie qui pratique des tarifs aussi élevés », s'étonnait à l'époque François Bacchetta, le directeur d'easyJet en France.

Un étonnement apparemment partagé, aujourd'hui par Nicolas Sarkozy : « Je ne comprends pas pourquoi l'ensemble du territoire français peut aujourd'hui trouver des vols à 30 euros sur des compagnies à bas coût sauf la Corse, a-t-il déclaré. On me dit que c'est à cause des obligations de service public mais c'est une curieuse conception du service public que celle qui empêche une compagnie de proposer, sans subvention, une offre de vol à prix réduit. »

Mais pour les partisans de l'OSP, le système actuel est nécessaire pour protéger l'existence de la CCM, seule compagnie à assurer les liaisons de bord à bord entre Marseille, Nice et la Corse. « Si des compagnies à bas coût s'installent sur la Corse, cela portera atteinte au service de continuité territoriale, à nos activités. On fermera la porte », estimait pour sa part la directrice commerciale de la CCM, Isabelle Guyot. Un risque que ni les salariés de la CCM ni les élus de l'Assemblée de Corse n'ont jusqu'à présent voulu courir. Quant à easyJet, si elle se dit prête à desservir Ajaccio et Bastia au départ d'Orly, c'est à condition « de ne pas avoir à faire face à des compagnies subventionnées ». Néanmoins, les avions orange de la compagnie britannique desserviront bien la Corse cet été, mais au départ de Londres.

BRUNO TRÉVIDIC

BLOG CFE-CGC SNCM

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