jeudi 8 novembre 2007

Corsica "le prix des prix cassés" avril-mai 2006

WWW.CLUB-CORSICA.COM Par Joseph-Guy Poletti

Le prix des prix cassés

Un vrai coup de tonnerre dans le ciel de Corse le mois dernier : Easy Jet, une compagnie aérienne low cost, annonce son intention de desservir la Corse à partir de l'aéroport d'Orly. Elle n'est pas sans argument : des billets immédiatement mis en vente, sur son site, proposent un aller-retour (14 et 15 juillet) au départ de Paris à 76,98 euros quand Air France, sur la même offre, affiche un tarif de 310 euros.
Aussitôt, suivant un scénario désormais bien rôdé, l'île se divise. Avec toujours ce rien de retard qui lui fait manquer tous les trains. En effet, c'est au moment où ceux qui ont fait confiance au transport à bas prix en reviennent, qu'elle manifeste sa ferme intention de ne plus s'en laisser compter. Au moment même où la région Poitou-Charentes, dirigée par Ségolène Royal, vient de couper toute subvention à « Ryanair », elle aussi intéressée par la desserte de la Corse, qui exigeait pour l'exploitation de la ligne Londres-Poitiers, une prise en charge de 11 euros par billet aller-retour. La présidente refuse de continuer, dit-elle, à « engraisser une compagnie irlandaise bénéficiaire qui traite ses salariés comme des animaux ». Quant à Jacques Santrot, président de la communauté d'agglomération de Poitiers, il déclare : « Ryanair est un racketteur. »
Sur la Corse, Easy Jet ne demande rien pour l'instant à personne, mais ne compte se positionner que durant les mois d'été, les plus « juteux » dénoncent les syndicats de la CCM, la compagnie régionale. Et le psychodrame est déjà en place. Antoine Sindali, le président de l'Office des transports, avertit que la proposition de desservir Ajaccio depuis Paris est carrément « illégale ». À l'opposé, un autre président, celui de l'Agence du tourisme, Antoine Giorgi, rétorque que ce n'est vrai que depuis Orly, et possible à partir de tout autre aéroport, y compris parisien. Nouvelle note, persistante et originale, de l'île : la cohérence ; ici entre deux membres du même exécutif.
Raymond Ceccaldi, le président de la CCI de la Corse-du-Sud, s'interroge et ironise : à cause d'une délégation de service public, confiée au groupe CCM-Air France, la Corse est-elle condamnée à voir son ciel bridé alors que son tourisme, principale activité économique de l'île, a besoin d'une diversification de ses dessertes ? Il est suivi dans cette voie royale par les socioprofessionnels qui pensent rentabilité de leur entreprise de loisirs. Le président de l'exécutif, Ange Santini, leur fait écho. Il appartient pourtant, à l'assemblée de Corse, à la même majorité que Philippe Ceccaldi, le président de la compagnie régionale dont les syndicats clament, haut et fort, qu'on veut aboutir à sa déstabilisation. En fait, le coup a été préparé depuis longtemps. À la mi-octobre encore, Ajaccio a été le théâtre, à l'initiative de la chambre consulaire, du congrès conjoint de l'« Airport council international » et des « Aéroports de langue française associés », avec à l'ordre du jour la séduction à exercer sur les compagnies à bas coût.
Ce fut donc à Bruxelles de trancher : la ligne, du moins au départ d'Orly, est chasse gardée. C'était couru d'avance. Et Easy Jet qui a voulu tâter le terrain, avant de revenir à la charge dans les prochains mois, le savait pertinemment. Elle en a profité pour dénoncer les prix exorbitants d'Air France et les carences d'une situation de monopole. Au nom de quelle logique, économique, l'aérien ne reproduirait pas le maritime ? La question est restée en suspens. Le ciel de Corse s'est refermé. L'île est retournée à ses occupations habituelles. C'est tout elle.

Joseph-Guy Poletti
BLOG CFE-CGC SNCM

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