Mieux disant ou moins disant ?(le dossier d'Alain Verdi)
Le vendredi 9 février, était le dernier jour de dépôt des offres pour les compagnies maritimes intéressées par l’appel d’offres lancé par l’assemblée de Corse entre Marseille et six ports de l’île. Finalement, deux offres ont été déposées par trois compagnies.
Une par Corsica Ferries France et l’autre par un groupement C.M.N./S.N.C.M. Dans l’après midi du vendredi, la commission d’appel d’offres de l’assemblée de Corse, qui regroupe des élus et des représentants de l’Etat, a ouvert les plis et vérifié la conformité juridique des offres. Apparemment, les deux offres déposées étaient recevables. Le détail des offres est, réglementairement, confidentiel.
Des offres (presque) confidentielles
Le directeur général de Corsica Ferries France, Pierre Mattei, est arrivé le premier pour déposer une grosse enveloppe contenue dans un cartable. Il est suivi d’une forte délégation du groupement C.M.N./S.N.C.M. La « Méridionale » est représentée par son P.D.G. Robert de Lambilly et la S.N.C.M. par Jean Lou Bertret conseiller du Président de la compagnie. L’offre commune est contenue dans un coffre en bois, imposant, porté par les directeurs régionaux des deux compagnies, Victor Castellani de la C.M.N. et Nicolas Veluttini de la S.N.C.M.
Les deux colis déposés à l’Office des Transports de la Corse font contraste. D’un coté une grosse enveloppe pour C.F.F. et de l’autre un gros coffre pour la S.N.C.M. Cette différence de taille s’explique par la nature des offres.
Offre globale pour le groupement C.M.N./S.N.C.M
Le détail de l’offre commune demeure inconnu. Une seule chose est certaine : elle porte sur les six ports de Corse (Ajaccio, Bastia, Propiano, Porto Vecchio et les deux ports de Balagne).
Offre partielle pour C.F.F.
L’épaisseur de l’enveloppe tendait à démontrer que l’offres était partielle, mais cette hypothèse est confirmée par un communiqué de la compagnie diffusé, à la presse, le vendredi, à 17 h. 30.
Alors que la commission siège, le communiqué de C.F.F. divulgue, en partie, le contenue de son offre. On découvre qu’il s’agit d’une offre, à option, sur trois ports : Ajaccio, Propriano et Porto Vecchio.
Le communiqué parle d’une « économie de 26 millions d’euros par an ». De plus, la C.F.F. annonce une série de traversées gratuites pour un certain nombre de passagers : Résidents en Corse, sportifs et étudiants.
En préalable, à cette offre la C.F.F. demande à l’assemblée de Corse de retarder l’appel d’offre à l’automne, alors qu’il est prévu fin avril.
Mieux disant ou moins disant ?
Si il s’avère que l’offre partielle de C.F.F. est moins élevée en terme de subvention, une question se pose : L’Assemblée de Corse doit elle choisir l’offre moins disante (moins chère) ou la mieux disante (plus chère, mais considérée comme plus cohérente).
Sur le plan juridique, rien n’oblige à choisir la moins disante. Le choix est politique. Il doit tenir compte d’un équilibre entre l’argent public (la subvention) et la qualité de l’offre. Ce dernier critère, éminemment subjectif, doit être politiquement assumé et ne pas violer les règles, compliquées, du droit à la concurrence.
Aller à Marseille ou faire exploser l’appel d’offres ?
Les syndicats de la S.N.C.M. estiment que « C.F.F. ne veut pas gagner, il veut faire exploser le systèmes ». De plus, ils considèrent que le communiqué de C.F.F. du 9 février, représente une pression sur les élus. Confère : http://cfecgcsncm.blogspot.com/index.html Les dirigeants de C.F.F. n’ont jamais accepté le lancement d’un appel d’offres sur Marseille. Il préfèrent la généralisation du système de financement public, actuellement en cours sur Toulon et Nice. L’appel d’offres sur Marseille, ne concernerait que le service des cargos mixtes. La C.F.F. a ,du reste, confirmé cette position dans un communiqué publié le 19 décembre dernier. Confère :www.corsicaferries.com , Onglet : plan du site, rubrique : communiqués de presse.
Un choix délicat, mais un choix possible
-Le fractionnement du marché : Si l’assemblée de Corse fractionne le marché, trois ports à C.F.F. et trois au groupement, le risque est de voire le groupe Veolia se retirer. C’est le naufrage de la S.N.C.M.
-Même si Veolia reste, sur trois ports, le plan social dépasserait le millier de suppressions d’emplois. Le naufrage n’est pas loin.
-L’Assemblée choisit le pool C.M.N./S.N.C.M. Dans ce cas, C.F.F. porte plainte et la procédure est retardée, avec les risques sociaux que cela comporte.
Le choix est difficile, mais il existe bien. L’Assemblée doit s’assumer politiquement.
La commission d’appel d’offres remettra son rapport au Conseil Exécutif de l’Assemblée de Corse, dans les quinze jours. L’Assemblée devrait voter les proposition du Conseil Exécutif, vers la fin avril.
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